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PREMIERE PARTIE 1 : Les civilisations, chaudron de la troisième guerre mondiale

REMIERE PARTIE 1 : Les civilisations, chaudron de la troisième guerre mondiale


 

Le remplacement des luttes idéologiques par le choc des civilisations

 

 

Il y a choc de civilisations. Comme en témoigne, à partir des années 80, la montée des fondamentalistes islamistes et hindouistes et la « réindigénisation » du monde. Les deux civilisations universelles, l’Occident et l’Islam, s’affrontent, déclenchant ainsi la Troisième Guerre mondiale.


 

Le citoyen du monde nez au vent


 

Comme l’élite de jadis, le Citoyen du monde se promène le nez au vent, et peut désormais baguenauder partout, même en Chine populaire. En short ou en costume youppie, il était maintenant en mesure d’accéder à tous les recoins de la planète, à toutes les civilisations. Ben Laden, le 11 septembre 2001, brisa soudain les rêves du Citoyen du monde. Tout d’un coup, une sainte colère s’est emparée de tous les Américains, et le Citoyen du monde ne veut plus flâner aux pieds des pyramides égyptiennes, sur l’île tunisienne de Djerba ou dans les rues moyenâgeuses de Sanna au Yémen. Lui et sa compagne craignant d’être égorgés par des intégristes islamiques qui les considéreraient comme des « infidèles ». Il voit bien que la planète se charge en électricité : conflit israélo-palestinien, renvoi des accords d’Oslo, guerre d’Irak, face-à-face indo-pakistanais, terrorisme islamique un peu partout…. Mais il ne veut pas penser à la troisième guerre Mondiale; comme en 1789 personne ne se doute qu’une révolution en France enflammera l’Europe jusqu’en 1815; qu’en 1914 l’assassinat de l’archiduc d’Autriche générera un conflit d’envergure : la première guerre mondiale; qu’en 1939, suite au geste d’Hitler de lancer ses troupes à l’assaut de la malheureuse Pologne que la Grande-Bretagne lui déclarerait la guerre qui deviendra la plus meurtrière de l’humanité : la deuxième guerre mondiale. La vie internationale, pense-t-il. s’est émaillée d’institutions de concertations, de dialogues, de coordinations dans les domaines politiques, économiques et sociaux : ONU, Fonds monétaire international, Banque Mondiale, etc.. et Internet qui crée une explosion d’échanges individuels. Autant de garde-fous mettant la planète sous le contrôle de la raison. Cependant, l’humanité est devenue un milieu instable et chaotique, plus que jamais, parce que la température monte un peu partout.

 

Et, le 11 septembre, s’est produit l’effet de seuil : La Troisième guerre mondiale a commencé. Même si les leçons du passé lui sont inconnues, le venin du doute s’insinue maintenant dans le Citoyen du monde.


 

Le choc des civilisations : un retour du déterminisme


 

« Pour imaginer la pacification universelle », affirmait le philosophe et politologue Raymond Aron, « il faut se donner, par l’imagination, les peuples et les Etats convertis à la même vérité politique et religieuse ». On est en fort loin, comme le démontre « Le Choc des civilisations » c’est le titre d’un best-seller publié en 1995 par un professeur américain de l’université Harvard, Samuel Huntingdon. 1

 

Ce sont les civilisations qui provoquent cette Troisième guerre mondiale. Une civilisation est la forme la plus haute de l’organisation humaine et englobe le village, la tribu, le groupe ethnique, la région, et la nation (plusieurs même). C’est une alchimie faîte de culture et de religion. Cette dernière joue un rôle primordial et cela donne le christianisme laïcisé, qui irrigue largement la vie politique et sociale et qui a laissé d’innombrables réflexes conditionnés.

 

On peut distinguer sept civilisations : l’occidentale, l’orthodoxe, l’islamique, l’hindouiste, la confucéenne, la japonaise, l’africaine.


 

Occident et monde slavo-orthodoxe : des valeurs communes

 

 

Les civilisations occidentales et orthodoxes sont proches cousines : elles partagent les mêmes valeurs, issues du moule judéo-chrétien. Avec des variantes : les Occidentaux attribuent une place centrale à la liberté individuelle, tandis que les Orthodoxes sont plus communautaires.


 

La civilisation occidentale


 

La genèse de l’Occident, c’est la chrétienté occidentale. Ses composantes comprennent : l’Europe, l’Amérique du Nord, et l’Amérique latine. S’y rattachant la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Le résultat du croisement des influences extérieures a fait une civilisation occidentale qui privilégie la liberté, l’individualisme, la démocratie. Elle accorde la place centrale au droit. Elle a donné naissance à la modernité, caractérisée par la rationalisation de la production et le développement des échanges. Elle est un cocktail dont chacun des éléments se retrouve, isolé, dans telle ou telle autre civilisation. C’est la réunion dans un seul mélange de tous ces ingrédients qui fait sa spécificité. Une raison pour se battre et mourir dans cette Troisième guerre mondiale est l’individualisme, donc les libertés.

 

L’Occident fut tout à la fois bienfaiteur et voyou. Bienfaiteur pas ses médecins coloniaux (dispensaires, vaccins, antibiotiques), par ses ingénieurs (routes, ponts, voies ferrées, irrigation, adduction d’eau potable). Voyou par le pillage de matières premières, la mécanisation de son industrie qui a tué la production des pays pauvres utilisant les méthodes de travail archaïques.

 

L’Occident est universaliste.

 

L’Occident d’aujourd’hui est menacé par une gravissime crise des valeurs. Sa religiosité a diminué. Elle est devenue le grand bazar américain du MacDo, d’Hollywood, des films pornos, d’un matérialisme court, un hédonisme sans sublimation, Vendre toujours plus, aiguiser sans cesse les appétits de consommation jusqu’à l’abrutissement. Cela provoque une surconsommation d’anxiolytiques et une envolée des statistiques de suicide. La perte du sens de l’effort la menace.

 

Le choc est bien là. Le village planétaire de MacLuhan n’a pas été apaisant. L’irruption des stars du X sur les écrans-télé des villages les plus puritains de l’Islam ou de l’Inde est un traumatisme. L’Occident heurte de plein fouet les sensibilités. Il exacerbe les fureurs revanchardes. Il déverse des touristes à moitié nus dans les rues du Yémen et du Maroc. Dans le sens inverse, il accepte une immigration en quête du festin capitaliste. Les civilisations refusent l’occidentalisation de leurs valeurs (la démocratie, la libération de la femme, la laïcité).


 

La civilisation orthodoxe


 

La civilisation orthodoxe, née il y a mille ans, est présente à des degrés divers en Russie, Bulgarie, Serbie, Grèce, Géorgie, République tchèque, Pologne, Albanie et des communautés orthodoxes vivent aux USA, au Canada, en Argentine, en Australie et en France. La civilisation orthodoxe est très proche de celle de l’Occident. Née d’un contentieux théologique, le « Grand Schisme » de 1054, les chrétiens orientaux refusent : l’idée que le Saint-Esprit procède à la fois de Dieu le père et de son fils Jésus-Christ, le purgatoire, l’immaculée conception de Marie, la suprématie du Pape et son infaillibilité en matière de dogme. La structure n’est pas pyramidale mais dirigée par un primat correspondant aux pays dans lesquels se trouvent les Eglises. En dehors de cela, ils acceptent les autres credo catholiques définis par les conciles de Nicée et de Constantinople. C’est à dire que les différences métaphysiques entre catholiques et orthodoxes ne sont pas abyssales. C’est pourquoi la liturgie bysantine a laissé des traces en Occident. A ce cousinage religieux s’ajoute la proximité culturelle, le modernisme de l’Europe occidentale, l’architecture, les arts, etc… Et cela n’a pas été à sens unique car l’Occident aussi a été beaucoup influencé par la peinture orthodoxe, la chorégraphie des ballets russes, les romans des écrivains Tolstoï. Dostoïevski, …

 

La fameuse âme slave est plus tournée vers la contemplation, l’élan poétique et mystique, un certain fatalisme. Les univers mentaux d’un rationaliste français voltairien obsédé de vérifications et de preuves ou d’un presbytérien américain intoxiqué de travail, diffèrent sensiblement d’un Orthodoxe russe soignant à la vodka, le Prozac du Slave, une humeur volontiers bucolique. Il voit dans l’Occidental un être perclus d’égoïsme, un cœur desséché par le calcul économique, vivant dans une société lourdement matérialiste, bassement mercantile et souvent athée, qui gagnerait à se revivifier par la compassion et le don de soi. Il rêve de voir son pays faire retour à ses valeurs morales et politiques traditionnelles.

 

Durant le cours de son histoire de mille ans une quantité d’autocrates ont abusé de l’orthodoxie russe. Les régimes autoritaires, les aristocraties, qui procédaient du tsar, appuyés par une bureaucratie pléthorique favorisaient le collectivisme et la soumission à l’autorité plutôt que l’individualisme et le goût de la liberté. Ce n’est pas un hasard que le marxisme, conçu en Occident, trouva sa première niche en Russie.

 

Les différences entre les civilisations occidentales et orthodoxes justifient qu’on les distingue l’une de l’autre. Toutefois, elles sont unies par un lien de parenté extrêmement étroit, qui scelle leur communauté de destin. Ces deux proches cousines doivent marcher d’un seul pas, dans le cadre de ce qu’on pourrait appeler « le Nouvel Occident ».

 

Ceux qui ne s’y trompent pas, ce sont les intégristes islamistes : eux n’y vont pas par quatre chemins, ils considèrent les Orthodoxes, au même titre que les catholiques, les protestants, les juifs, comme des « impies », « des infidèles », des « croisés », qu’il faut combattre sans pitié. Sauf s’ils acceptent de se convertir à l’Islam.


 

L’islam, théocratie totalitaire

 

 

L’islam ne dissocie pas le temporel du spirituel. La « charia » (la loi islamique), doit s’appliquer à tous les aspects de la vie sans exception. Religion prosélyte, l’islam s’est assigné la mission de convertir toute l’humanité, par la persuasion ou la force.

 

  

La civilisation islamique


 

L’islam (ce mot signifie « l’acte de se soumettre à Dieu ») est fondé sur le Coran, parole de Dieu, révélée au prophète Mahomet par l’archange Gabriel. Et sur la « sunna » (coutume en arabe), constituée des paroles et actes de Mahomet (et non pas de Dieu), rapportés pas ses compagnons sous forme de « Hadîts » (traditions), qui sont de courts récits à vocation édifiante pour le fidèle. Ce n’est pas seulement un appareil de dogmes religieux qui se confine au spirituel mais intervient dans tous les aspects de la vie du croyant : les droits et les obligations de ce dernier dans les domaines politique, social, militaire, domestique, hygiénique, moral … sont définis avec précision par la « charia ». L’islam possède en commun avec le judaïsme et le christianisme plusieurs dogmes de première importance : la croyance en Dieu, aux anges, aux livres révélés (la Bible, les Évangiles), aux prophètes et au jugement dernier. Elle exclut cependant le péché originel, la trinité chrétienne et met l’accent sur l’unicité et la transcendance divines. Jésus n’est pas le Fils de Dieu, donc essence divine, mais un prophète semblable aux autres. En outre, l’islam réduit le libre arbitre à la portion congrue.

 

L’islam estime avoir atteint « l’unification religieuse » et se juge à ce titre supérieur au judaïsme et au christianisme, pervertis à ses yeux par la falsification des textes bibliques et les manquements de ses adeptes. Il se considère comme la meilleure des religions existantes, celle qui est indépassable.

 

Le monde musulman est divisé en deux tendances : 900 millions d’adeptes sont sunnites qui acceptent les quatre premiers califes successeurs de Mahomet, et 100 millions sont les chiites, qui ne les acceptent pas, et croient que le premier calife aurait dû être Ali, cousin, beau-fils de Mahomet assassiné en 661. Les divergences sont politiques et doctrinales. Sur le plan doctrinal les chiites attribuent à l’imam, entre autres, un rôle plus important que les sunnites : ils le considèrent non pas seulement comme un dirigeant, mais comme l’héritier inné des fonctions du Prophète.

 

Le joyau est la « maison de l’islam » (dar al-Islam) où les musulmans y exercent la souveraineté et le pouvoir politique, les autres paient un impôt spécial, l’interdiction de porter les armes, de commander à un « vrai croyant », de manifester leur foi non-musulmane et ils doivent se soumettre totalement au pouvoir temporel islamique. Mahomet a été catégorique : « Vous formez la meilleure communauté suscitée par les hommes; vous ordonnez ce qui est convenable, vous condamnez ce qui est blâmable » (Coran III, 110). Dans le « dar al-Islam » le temporel est totalement inféodé au spirituel, le politique au religieux. Dieu est César. Le droit canonique doit commander l’ensemble de la vie politique. La notion d’Etat laïque est étrangère à l’Islam. A l’extérieur dans le « dar al-Harb » c’est la « zone de guerre », c’est-à-dire un espace géographique, juridique, politique et spirituel dominé non pas par les musulmans, mais par les « impies », les « infidèles, qui sont la fraction inférieure de l’humanité. « Tous sans exception, seront jetés dans le feu de la géhenne, où, immortels, ils demeureront. Ceux-là sont le pire de l’humanité » Coran (XCVIII,6). Le musulman vivant dans le « dar al-Harb » doit secouer le joug de la politique de l’infidèle dès qu’il est mesure de le faire. S’abstenir serait alors une faute : « N’appelez pas à

la paix alors que vous avez la supériorité » (Coran XLVII, 35). Le moins que l’on puisse dire c’est que ce principe n’est pas de nature à favoriser l’intégration du bon musulman aux sociétés occidentales.

 

Point n’est besoin d’ausculter les professions de foi les plus intégristes pour trouver la source idéologique des conflits de légitimité qui déchirent des nations peuplées de musulmans et de non-mulsulmans. Selon l’orthodoxie islamique, la charia devra, coûte que coûte, régner finalement sur l’humanité impure. L’islamisme est un mouvement politico-religieux, un totalitarisme théocratique ayant un projet de conquête planétaire.

 

Religion guerrière et conquérante, l’islam le fut dès l’origine, puisque né dans la guerre ; Mahomet se mêla à plus de quatre-vingt combats contre les infidèles. Contrairement au Christ, Bouddha ou Confucius, il ne se cantonna pas à la prédication, il fut un virulent chef de guerre. Mahomet, fondateur de religion, fit couler le sang à maintes reprises pour l’imposer à ses détracteurs juifs et païens de l’Arabie de l’ « ignorance », celle d’avant l’islamisation.

 

Dans le contexte de l’expansion de l’islam, des juristes de dynasties sunnites fignolèrent l’inquiétant concept du « djihad », « guerre sainte », inspiré du Coran. En tant que principe canonique, il est propre à l’islam. Il y a le « grand djihad » qui est un combat personnel du musulman en vue du perfectionnement moral et religieux. Il y a le « petit djihad » offensif qui concerne le combat extérieur, l’action guerrière, qui fait de la « guerre sainte » un élément central de sa pratique pour défendre le « dar al-Islam » menacé par les non-musulmans, ou pour attaquer au service de l’expansion du domaine de l’islam. « Faites la guerre à ceux qui ne croient pas en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la vraie religion » (sourate IX, le Repentir, verset 29.). Le « djihad offensif » s’applique à toutes les formes de guerre et seuls y participent les soldats professionnels ou les volontaires accourus par zèle religieux. L’acceptation du martyre est inséparable d’un appel à la lutte : les croyants qui meurent pour leur foi, qu’ils la défendent ou qu’ils subissent des persécutions, vont directement au paradis : « Ne croyez pas que ceux qui ont succombé en combattant dans les sentiers de Dieu soient morts : ils vivent près de Dieu, et reçoivent de lui leur nourriture » (sourate III, la Famille de Imram, verset 163). Les oulémas, docteur de la loi islamique, peuvent déclencher le « djihad ». Chaque ouléma, l’islam n’ayant pas de chef suprême, est responsable devant Allah et la communauté, il est en droit de le proclamer en fonction d’intérêts politiques lui tenant à cœur. Ses ouailles sont libres de le suivre ou non.

 

Il y a un esprit des religions, comme il y a un esprit des lois. Celui de l’Islam, c’est la violence. Prétendre que l’islam est une religion pacifique, c’est ne pas regarder la réalité en face ou manier la langue de bois : le Coran recèle une centaine de versets qui sont un appel au meurtre. Et l’histoire de l’islam est celle de ses armes.

 

Le christianisme a lui aussi a du sang sur les mains : les massacres infligés par Charlemagne aux païens saxons pour les convertir, les inhumaines guerres entre catholiques et protestants, les croisades pour reconquérir le Saint-Sépulcre, sans oublier les persécutions religieuses infligées par les conquistadores espagnols aux Amérindiens. Mais c’était des dérives par rapport au texte fondateur. « Si on te frappe sur la joue droite, tends la joue gauche » dit Jésus-Christ.

 

A côté de cet Islam pur et dur des premiers temps, il y a un islam bienveillant, paisible, qui lui, s’est engagé dans les voies de la souplesse et de la tolérance. L’islam des millions de musulmans d’aujourd’hui qui aspirent à l’émancipation de la femme, à une religiosité sereine, à une existence paisible, à une ouverture sur le monde. L’islam bienveillant des hommes et des femmes de bonne volonté, épris de paix et de savoir. Cet islam-là a besoin d’une réforme de ses dogmes religieux, d’une modernisation théologale. Et comme il n’existe pas une autorité religieuse centralisatrice qui serait en mesure de décréter une modification des dogmes, un abîme se creuse alors entre ces aspirations à une vie plus libre et l’islam traditionnel et plus encore l’islam intégriste. Ce dernier se charge de haine face à ce qu’il considère comme l’œuvre de Satan, comme en témoignent en Algérie par exemple, les assassinats de femmes non-voilées ou en minijupes.

 

Pourtant, jadis un courant réformiste, la source d’un grand dynamisme intellectuel dans le monde islamique, inspira puissamment l’Europe du Moyen âge et de la Renaissance. En ces temps-là, malgré les guerres opposant la chrétienté à l’Islam s’établit une forte connivence entre les élites intellectuelles de ces deux civilisations. Le catalyseur de ces échanges fut l’essor de la philosophie en terre d’islam. Les intellectuels de l’islam classique furent des généralistes : ils aspiraient à la connaissance de l’univers et à la célébration de l’unité fondamentale de l’homme, reflet de celle de Dieu. L’islam a connu un âge d’or. Par la suite alors que l’Europe se modernisait, l’islam s’assoupissait, à cause de l’absence complète d’autonomie face au pouvoir absolu qui paralysa l’initiative et l’esprit d’entreprise, et ne sauta pas dans le train de la modernité. L’âge d’or n’était plus qu’un lointain souvenir.

 

C’est en 1979 qu’éclata, en Iran, la première révolution islamiste : elle instaurait la plus importante théocratie contemporaine, et donnait le signal du retour en force de l’islam en politique. L’imam Ruhollah Khomeyni avait émergé lors des émeutes contre le Chah qui avait modernisé à marche forcée l’économie, et suite à l’accroissement du prix du pétrole, le Chah : accéléra l’urbanisation, l’Occidentalisation du pays, encouragea l’émancipation des femmes et la modernisation de l’enseignement, au grand dam du clergé chiite. Le nouveau régime islamiste marqua les esprits : tortures, exécutions (souvent publiques) d’opposants et de femmes adultères, interdiction de boire de l’alcool, d’écouter la musique, fermeture des cinémas, des salons de coiffure, des boîtes de nuit. Plus question de coquetterie : les femmes devaient sortir voilées. Depuis la mort de Khomeyni, le régime des ayatollahs s’orienta vers un certain assouplissement, et avec le nouveau président Khatami, les mœurs sont devenues plus libres.

 

Et alors que le retour de l’islam en politique semblait s’assagir, une autre force intégriste, issue du monde sunnite, était en pleine ascension : le Wahhabisme. Prédicateur bédouin assoiffé d’un retour à la pureté originelle de l’islam, Ibn Abd El-Wahhab, au 18ième siècle, extrêmement rigoriste, interdisait le tabac, la musique, la proximité entre hommes et femmes dans les lieux publics; il imposa le port de la barbe islamique aux hommes, s’en prenait aux écoles juridiques traditionnelles. En Arabie, les wahhabites étendirent rapidement leur influence, convertissant les réfractaire par la violence, s’attaquant aux sunnites jugés trop tièdes et aux chiites qu’ils traitaient d’héritiques. Aujourd’hui, le sunnisme dans son acception whahhabite règne sur l’Arabie Saoudite, donc sur 30% des réserves mondiales de pétrole. C’est lui qui a envoyé les avions sur les Twins Towers et le Pentagone : Oussama Ben Laden est un wahhabite.

 

Le wahhabisme saoudien utilise les services d’une police des mœurs, coupe les mains aux voleurs, prohibe l’alcool. Fort de ses richesses pétrolifères, il contribue de façon prédominante au financement des réseaux intégristes qui font le djihad. Le wahhabisme place son argent en Occident pour le faire fructifier, et il ne songe qu’à détruire ce même Occident, afin d’instaurer le règne planétaire d’Allah. Le wahhabisme finance la construction de mosquées partout en Occident et y envoie des imams qui prêchent la guerre sainte. Mais il ne peut être question de multiplier les églises, les temples et les synagogues sur son sol, le « dar el-Islam ». Jusqu’en 1970, le wahhabisme avait été rejeté par la majeure partie du monde musulman. Et voilà qu’il devient le ressort du prosélytisme islamique. Se rattachent à lui, les Frères musulmans, Al Qaïda, et l’ensemble des réseaux dits islamistes. Le projet politique de ces néo-wahhabites est la conquête mondiale aux prix du sacrifice suprême, celui de leur vie. L’islam est kidnappé par les wahhabites.

 

Tout comme la civilisation occidentale, celle de l’islam est universaliste. Elle prétend imposer ses valeurs à l’ensemble de la planète. Résultat : un terrible choc Occident-Islam. La troisième guerre mondiale sort directement du wahhabisme qui a armé le bras de Ben Laden, avec la complicité aveugle des USA, brutalement rendus à la lucidité par le drame du 11 septembre.

 

Quat au réformiste moderniste, il ne trouve qu’un influence très faible dans les mosquées et les madrassas. L’Écart se creuse tous les jours… Le vent a tourné : l’individualisme est devenu la source de tous les maux de l’islam, la démocratie n’est plus le passage obligé du renouveau, la théorie est le complot de l’Occident qui travaille méthodiquement à l’humiliation et la ruine des institutions et de la culture de l’islam et prolonge ainsi l’explication des échecs économiques et sociaux.

 

Depuis 20 ans, tous les états musulmans (excepté la Tunisie et la Turquie) ont réintroduit la charia. Les dirigeants des gouvernements arabo-musulmans sont depuis longtemps les otages des intégristes islamistes. Les intégristes sont en partie maîtres de la société civile. C’est ainsi que le président Moubarak laisse aux Frères musulmans la haute main sur les programmes télévisés, ou certains syndicats professionnels tels que ceux des médecins, sur la censure et sur l’application de la charia devant les tribunaux civils égyptiens. Au Nigeria, la charia est appliquée dans onze Etats sur trente. Et le voile se répand dans les agglomérations où il était naguère absent, comme au Caire ou à Istanbul. Les Frères musulmans ont des élus et/ou sont représentés au gouvernement du Yémen, au Soudan, au Maroc, en Algérie, au Koweït, en Jordanie. Le nouveau gouvernement de la Turquie est dirigé par le parti des islamistes. L’islam considère l’appartenance religieuse comme le seul critère de l’identité.

 

La mouvance islamiste prône une réislamisation du monde arabo-musulmans et, au-delà, une islamisation de toute la planète. « L’incroyance est une seule nation » enseigne la tradition.


 

Les civilisations non-universalistes

 

 

Contrairement aux civilisations monothéistes (judée-chrétiennes et islamique) les civilisations hindoue, confucéenne, japonaise et africaine ne sont pas universalistes. L’islam se heurte à certaines d’entre elles, notamment l’hindoue.


 

La civilisation hindouiste


 

Dans le sous-continent indien, l’islam et l’hindouisme se côtoient dans un indescriptible climat de haine galopante alimenté par des contentieux historiques. Le sous-continent indien est une poudrière comprenant les Etats de l’Inde, du Pakistan (issu de la partition de 1947) et du Bangladesh (séparé du Pakistan en 1971). Il met près de 386 millions de musulmans (un tiers de la population musulmane mondiale) en vis-à-vis avec les Hindous. Le Pakistan est  « purement » musulman avec 150 millions d’adeptes de cette religion, le Bangladesh en a 125 millions, et l’Inde 111 millions, ce qui en fait la minorité musulmane la plus forte du monde dans ce pays immense.

 

L’hindouisme a été profondément influencé par le védisme et le brahmanisme. Le védisme est le brahmanisme primitif, et le brahmanisme est un système social et religieux organisant la population hindoue en quatre castes, en fonction de la pureté. L’appartenance aux castes est déterminée par la naissance. Les trois premiers sont les prêtres, les rois et les guerriers, et les marchands. Ce sont les trois statuts prestigieux de la société de classe. La quatrième classe, celle des cultivateurs et artisans, comporte les serviteurs des trois classes précédentes. Les castes caractérisent la position sociale et professionnelle d’un individu, et la façon dont il doit se positionner face aux rituels religieux. Les textes sacrés hindous affirment qu’il n’existe pas de cinquième caste. Ce qui vient en dessous sont donc les hors-castes et sont considérés comme intouchables, car impurs. Encore aujourd’huii, le système des castes régit les rapports sociaux en Inde. L’ « intouchabilité » a été abolie, sa pratique sous n’importe quelle forme interdite. Le dogme fondamental du brahmanisme est la réincarnation : une âme peut animer successivement plusieurs corps humains ou animaux. Elle transmigre. Donc chaque être vivant est déterminé par la totalité de ses actions passées, de ses vies antérieures (le karma). Hindouisme et féminisme ne font pas bon ménage : dans la plupart des castes a cours le système de la dot. Les femmes hindoues sont encore sous le joug de pratiques machistes souvent très brutales ; viols impunis, violences, stérilisations forcées, assassinats.

 

Il est un dogme occidental que l’inde ne répudie pas : c’est celui de la démocratie. Elle est la plus grande démocratie du monde.

 

Depuis une quinzaine d’année, la haine dresse les communautés hindoue et musulmane l’une contre l’autre, plongeant inexorablement ce pays-continent dans une guerre civile. Le souvenir des atrocités perpétrées par les envahisseurs musulmans, au XIième siècle, refait surface avec une extrême intensité, dopant le ressentiment hindou à l’encontre de l’islam. Les conquérants musulmans considéraient l’Inde comme « idolâtre », parce que polythéiste, donc ne méritant aucune pitié. A leurs yeux c’était une terre de butin, inépuisable réservoir d’esclaves, aux cités et aux temples couverts d’or. C’était aussi des centaines de milliers de nouvelles recrues pour l’islam, grâce à des conversions de masse forcées qui heurtaient profondément la mentalité hindoue, étrangère à ce totalitarisme religieux. Au fil des temps, les conquérants musulmans, face à l’écrasante supériorité numérique hindoue et aux invasions mongoles qui les coupèrent du sous-continent indien de leurs arrières moyen-orientaux, devinrent plus réceptifs à la civilisation hindoue. Ainsi fleurit une féconde symbiose indo-musulmane à la fois culturelle, artistique et religieuse. Les musulmans apportèrent aussi de nombreux composants de la brillantissime civilisation persane : bureaucratie, culture, littérature et arts. C’est également sous l’influence des maîtres musulmans qu’émergea la doctrine syncrétiste de Nanak qui donna naissance à la communauté des sikhs. Aujourd’hui, peu d’hindous souhaitent se souvenir des influences musulmanes passées. La mémoire hindoue ne veut retenir du passé musulman que les massacres à grande échelle, l’esclavagisme et la destruction du patrimoine artistique et religieux. Tout cela a remonté à la surface, lors de la partition de l’Inde et du Pakistan, qui s’est effectuée dans le sang, à l’occasion du renouveau du fondamentaliste hindou qui s’est fait jour au cours des années 1980, et en 1992 lorsque la mosquée d’Ayodhya fut détruite par une foule hindoue en délire et des affrontements qui firent plus de 2,000 morts : la haine générée par ce massacre refait encore surface comme, en février 2002, quand cinquante-huit hindous furent brûlés vifs dans une attaque lancée par des fanatiques musulmans.

 

Le fondamentalisme hindou présente un nationalisme antimoderne et antioccidental. Il fait systématiquement barrage aux réformes économiques, désapprouve la réduction des subventions publiques, le durcissement de lois du travail. Il est protectionnisme, populisme et sa thématique est religieuse. Les communautés hindoue et musulmane bouillonnent comme deux torrents de lave incandescente. Quand la récession économique aura anéanti les exportations indiennes de produits informatiques et pharmaceutiques vers l’Occident, l’affrontement entre Rama et Mahomet se substituera entièrement au débat économique et social.

 

Un autre arc polémique se déploie dans le ciel indien, celui des 25,000 madrassas (école d’enseignement coranique) illégales. Elles sont un formidable outil de propagande pour les intégristes islamiques d’autant que chacun de leurs diplômés peut essaimer en ouvrant sa propre petite école. Le programme enseigné repose sur l’apprentissage par cœur du Coran, des hadith, de la jurisprudence islamique et des commentaires du Coran. Le gouvernement et les partis nationalistes hindous s’inquiètent car le système des madrassas est extrêmement dangereux pour la communauté hindoue. C’est une fabrique d’intégristes. Et elle est financée par l’argent venant largement de l’étranger, notamment du Moyen-Orient.

 

Ayodhya, les madrassas : deux points nodaux du débat politique indien. Mais ce n’est pas tout : il y a le Cachemire, dont l’Inde et le Pakistan musulman se disputent furieusement la domination. Les deux pays ont la bombe atomique ce qui fait que la menace d’une escalade nucléaire pèse sur le conflit qui remonte à l’indépendance de l’Inde et du Pakistan en 1947. Nehru considérait que la perte du Cachemire réveillerait les mouvements sécessionnistes latents dans une Union indienne comptant plus d’un milliard d’habitants et diviserait le pays. Le Paskistan considère aussi le Cachemire comme une pierre d’achoppement de son unité nationale car sans le Cachemire les minorités ethniques du pays se sentiraient écrasées par les Penjabis qui sont actuellement majoritaires à 60%. Ces minorités risquent de faire voler en éclats l’unité du pays si le Cachemire n’est pas récupéré. Le Cachemire est à l’Inde et au Pakistan ce que fut l’Alsace-Lorraine à la France et à l’Allemagne. La donne actuelle est que le général Musharrraf à la tête du gouvernement paskitanais, qui est relativement modéré, sera renversé par les intégristes islamistes et la prise de pouvoir par ces derniers déclenchera presque automatiquement le conflit atomique indo-pakistanais.

 

Le Pakistan (pays des purs) est régi par une constitution islamiste mettant le pays sous le contrôle de la charia. Il est né d’une volonté sécessionniste typique de la mentalité musulmane, le 14 août 1947, en refusant de faire partie de L’Inde. Le Pakistan c’est Allah plus la bombe atomique : c’est la puissance nucléaire du monde islamique et elle dispose de vingt-cinq ogives nucléaires. Suite au 11 septembre, la Maison Blanche somma Musharraf de choisir son camp. Il dut faire un virage de 180 degrés, abandonner la politique de soutien aux talibans et limoger une centaine de hauts responsables des services secrets et de l’armée. En échange, les Américains firent pleuvoir les dollars sur le Pakistan et réduisirent fortement sa dette.

L’intégriste islamiste est partout dans ce pays. Pas seulement dans les masses, mais aussi dans les organes de l’Etat : la police, les services secrets, l’armée, l’administration (à tous les échelons). La politique pakistanaise s’attache à attiser l’incendie au Cachemire pour contrer l’Inde, et les madrassas alimentent les maquis cachemiris en fous d’Allah prêts à mourir pour le djihad contre les hindous. Les dirigeants pakistanais utilisent le prosélytisme islamiste comme un outil de politique étrangère.


 

La civilisation confucéenne


 

Les caprices du Fleuve Jaune ont imposé depuis des millénaires la construction et l’entretien de digues. C’est « la tyrannie hydraulique ». Cela a nécessité l’organisation fortement hiérarchisée de millions de surveillants, les paysans, et les fonctionnaires qui les commandent. Le succès de la hiérarchie dans cette organisation était le signe d’une vertu immanente qui descendait de l’Empereur jusqu’au plus humble sujet. Cette bureaucratie, à peu près immuable, s’appuyait sur un système moral, plus qu’intellectuel, le confucianisme.

 

Confucius mettait en exergue l’homme de bien, le propriétaire terrien, le seigneur. Il incarnait la probité, la mesure et l’autorité administrative. C’était un lettré, à la fois poète, préfet et général. L’homme bien était, par excellence, le conservateur des rites qui maintenait debout le système hydraulique, immense et complexe, de la Chine.

 

La stratification sociale de la Chine classique s’établissait ainsi : le lettré, le paysan, l’artisan, le marchand. Le soldat, souvent inefficace face aux barbares du Nord, enclin aux révoltes dans le sud, n’apparaissait même pas dans ce classement. Cette atmosphère a été propice au développement d’une pensée délicate, souvent juste dans ses appréciations, et à l’épanouissement d’arts flamboyants : une civilisation majeure et fascinante. Mais elle a aussi enfermé la Chine dans une idéologie totalisante : elle bénéficiait seule des bienfaits du soleil.

 

A partir de l’avènement de la République en 1911, et à fortiori du régime communiste en 1949, l’idéal confucéen de l’homme de bien ne fut sans doute plus aussi prégnant. Cependant, il perdurait à travers le culte de la personnalité qui entourait un leader de la Chine maoïste comme l’ancien Premier ministre Zhou Enlai : homme d’Etat et de lettres au raffinement extrême. La Chine est demeurée une bureaucratie totalisante, fermée aux influences politiques, se considérant comme l’ « Empire du Milieu » : elle voit le monde extérieur à travers un prisme déformant qui lui donne d’elle-même une image valorisante.

 

Sa rapide croissance économique de la décennie quatre-vingt-dix lui a inspiré, prématurément, le projet de devenir la première puissance mondiale. Mais elle oublie qu’elle appartient toujours au tiers-monde, par la précarité de son développement économique nouveau-né, qui sera laminé par la crise économique. La Chine reste et restera étrangère à une conception entièrement ouverte des échanges, à l’importance intrinsèque des flux. Elle est continentale, physiocratique, monétariste et dirigiste. Sa politique étrangère n’a pas varié : le multilatéralisme n’y a guère de part puisqu’elle entend peser concentriquement sur ses voisins, de proche en proche. Jadis, elle était entourée de petits royaumes qu’il lui était facile de vassaliser. Mais, aujourd’hui, des géants peuplent son horizon : l’Inde, le Japon, la Russie et les USA, dont la puissance est sans commune mesure avec la sienne.

 

Chine et USA seront face-à-face, dans la Troisième Guerre mondiale.


 

La civilisation japonaise


 

Pour parler comme le ferait un moine zen, la civilisation japonaise est une énigme tout à fait limpide. Les mythes tiennent au panthéon japonais, qui occupe une place majeure, encore aujourd’hui dans la conscience nippone. Ce n’est qu’en 1945, que l’Empereur admit qu’il ne descendait pas directement de la déesse Amaterasu Ododaikami. Les Japonais sont convaincus d’avoir débarqué d’Asie sur leur archipel il y a vingt-cinq siècles au moins. Et d’être un peuple parfaitement homogène, « pur », n’ayant jamais subi l’invasion ni accueilli d’autres groupes d’humains d’une importance numérique significative. Cette vision quelque peu mythique est battue en brèche par les avancées les plus récentes de la recherche historique.

 

L’écriture arriva de Chine au VIIIième siècle, et il s’ensuivit une synthèse très complexe d’un mode d’écriture chinois avec la langue japonaise : c’est typique de l’adaptation d’esprit toute formelle des Japonais aux apports étrangers qui trouvent un terreau des plus propices au Japon. Il en est résulté une série de miracles : culturel avec l’infusion chinoise; institutionnel et militaire avec l’ère Meiji en 1868; démocratique et économique avec le « Shogunat » du général américain MacArthur en 1945. Cette qualité est un des points forts d’une civilisation par ailleurs extrêmement codifiée, où l’esprit féodal reste très vivace. Le modernisme du mode de vie n’a pas empêché maints particularismes japonais de perdurer. Ni les titres ni les fonctions ne révèlent grand-chose au Japon et les vrais pouvoirs y sont, plus que partout ailleurs, occultes, procédant de liens personnels.

 

Le confucianisme n’a pas pris dans l’archipel qui conjugue shintoïsme et bouddhisme. L’influence des Japonais experts en science européenne y a peut être autant compté que l’introduction des caractères d’écriture, et l’instauration du statut d’empereur, empruntés à la Chine.

 

Même si le Japon s’est rapproché de la Chine au cours des années quatre-vingt-dix, l’allergie réciproque entre ces deux pays, qui se sont durement combattus au siècle dernier, reste très forte.

 

Le Japon sera aux côtés de l’Occident dans cette Troisième Guerre Mondiale.


 

La civilisation africaine


 

La civilisation africaine, originellement animiste, a subi les influences musulmanes. La pénétration de l’islam chez les animistes s’est d’abord effectuée vers le Nord-Ouest (par la Mauritanie) et le Sud-Est (par les Comores et Zanzibar) . Elle s’est accentuée au cours des siècles jusqu’au golfe de Guinée, dans le Fouta-Djalon et dans le massif de l’Amadoua.

 

Le Christianisme exerce, lui aussi, une grande influence. D’abord représenté par les Eglises orientales coptes en Egypte et en Ethiopie, il a été diffusé à partir du XVIième siècle vers le golfe de Guinée, puis en Afrique centrale et orientale au XIXième siècle. Les Africains, islamisés et surtout christianisés, ne perdent pas le contact avec leurs religions traditionnelles, animistes, encore pratiquées par le tiers d’entre eux. Un syncrétisme religieux s’est établi entre christianisme et animisme.

 

L’Afrique eut à subir l’esclavage. D’abord celui mis en œuvre par les négriers musulmans qui, des premiers temps de l’islam jusqu’au XIXième siècle, conduisirent des milliers de caravanes d’esclaves vers les pays arabo-musulmans où ils étaient revendus sur les marchés. Les Européens, pratiquèrent aussi, le commerce des esclaves noirs à grande échelle pour fournir leurs colonies du Nouveau Monde en main d’œuvre.

 

Un fossé se creuse entre deux Afrique : l’islamiste et la chrétienne. La première, travaillée par la montée du fondamentalisme islamique, s’en prend de plus en plus à la seconde. Dans le Nigeria et le Soudan, les islamistes persécutent les chrétiens. Le totalitarisme islamique manifeste en Afrique noire les mêmes penchants hégémoniques et totalitaires qu’ailleurs.

 

L’Afrique s’enfonce dans un marasme que la Grande Crise économique poussera au paroxysme. La Troisième Guerre mondiale accentuera les affrontements ethniques et religieux. En plein désarroi, l’Afrique sera divisée entre les camps occidental et islamique.


 

Le monde s’indigène


 

L’Occident atteignit l’apogée de sa puissance au début du XXième siècle. La Première Guerre mondiale fut l’amorce de son déclin relatif. La Deuxième Guerre mondiale le contraignit à la décolonisation, processus catalysé par l’appui soviétique, et elle substituait au colonialisme européen du XIXième siècle l’hégémonisme américain du XXième siècle.

 

Dans les anciennes colonies occidentales (ainsi qu’en Chine et au Japon), les élites de la première génération modernisatrice, celle de l’indépendance, avait généralement été formée et influencée dans les universités occidentales et dans une langue internationale, l’anglais ou le français notamment. Elles créèrent sur place, dans leur propre pays, des universités en langues locales et formèrent la plus grande partie de la deuxième génération. Les diplômés de ces universités locales supportèrent mal la domination de la première génération, se rapprochèrent des mouvements d’opposition et s’élevèrent de plus en plus contre l’influence occidentale.

 

Aux élites pro-occidentales succédèrent maintenant des élites ayant subi le processus de « l’indigénisation » qui se tournèrent vers les mœurs, les langues, les croyances et les institutions indigènes, enracinées dans l’Histoire. Les Chinois créditèrent le confucianisme de leur remarquable essor économique. La croissance économique de l’Asie enorgueillit les Asiatiques qui imputèrent leurs succès à eux-mêmes, à leur respect du travail, et à l’autorité et aux disciplines collectives héritées de leur civilisation multimillénaire. Les pays arabes producteurs de pétrole, bénéficièrent d’un raz-de-marée de pétrodollars grâce au choc pétrolier de 1973. Ils en conçurent une grande fierté.

 

Les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix virent l’indigénisation arriver au premier plan partout dans le monde non occidental : « ré-islamisation » des sociétés musulmanes; « hindouisation » de la politique et de la société en Inde; soutien au confucianisme par les gouvernement d’Extrême-Orient soucieux « d’asianiser » leur société; mise en avant du « Nihonjinron » dans l’archipel nippon; et en Russie, renouveau du panslavisme.

 

Pour remporter les élections, mieux vaut ne pas afficher de penchants pro-occidentaux, mais flatter le populisme : ethnique, nationaliste et religieux. Ce fut particulièrement spectaculaire aux élections de 1992 en Algérie, que l’armée annula pour éviter que le pays ne tombât entre les mains des fondamentalistes islamiques par la voie des urnes.

 

A la Conférence mondiale de l’ONU sur les droits de l’homme, à Vienne en juin 1993, il y eut deux camps : les pays européens et nord-américains dans l’un; cinquante Etats non occidentaux dans l’autre. Les pays de l’Amérique latine, africains et orthodoxes agirent de façon neutre. La conférence se termina sur un texte de compromis qui était une victoire islamo-asiatique : ce document ne contenait aucune défense de la liberté de presse, d’assemblée et de religion.

 

A la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, qui réunit 170 Etats à Durban, en Afrique du Sud, du 31 août au 8 septembre 2001 : les USA et Israël s’opposèrent à ce que la question palestinienne soit inscrite à l’ordre du jour, et se retirèrent; les USA et les pays membres de la Communauté Européenne refusèrent toute assimilation du sionisme au racisme dans les document officiels; les africains souhaitèrent que l’esclavagisme soit reconnu comme un « crime contre l’humanité » et réclamèrent des Européens des compensations financières, comme celles obtenues par les juifs victimes de la Shoah. Les Européens acceptèrent seulement de regretter publiquement ces pratiques. Le débat, entaché de partialité, ne comporta aucune demande à la civilisation esclavagiste par excellence, l’islam, qui fit de l’esclavage une clé de voûte de ses institutions. Il est clair qu’à Durban, il y eut deux poids, deux mesures : l’Occident avait tous les torts, son passé diabolisé, tandis que les autres civilisations n’avaient rien à se reprocher.

 

Pendant qu’en ce début de septembre 2001 l’antioccidentalisme primaire se déchaînait à Durban, les terroristes islamistes mettaient la dernière main aux préparatifs de l’attentat contre les Twin Towers et le Pentagone, déclenchant la Troisième Guerre mondiale.

 

La dernière grande conférence internationale fut le sommet de la Terre de Johannesburg, qui s’est clôturé le 4 septembre 2002, officiellement consacré aux problèmes écologiques. La déclaration sur le développement durable fut retardée de plusieurs heures par des objections des pays en développement qui dénonçaient la disparition, dans le dernier projet, d’une condamnation « des occupations étrangères » et du « droit de tous les peuples à la souveraineté ». Décidément tout est bon pour instruire le procès politique de l’Occident. A titre de compromis, suite à une intense guérilla anti-occidentale, le texte fut finalement rallongé pour inclure une référence aux « occupations étrangères » parmi les facteurs qui « menacent sérieusement le développement durable ».

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